Instabilité radio-ulnaire distale
L’articulation radio-ulnaire distale correspond à la surface de contact entre la tête de l’ulna et l’extrémité inférieure du radius. Il s’agit d’une articulation puisque les surfaces de contact sont recouvertes de cartilage et que les os sont maintenus ensembles par une capsule articulaire et des ligaments péri-articulaires. Cette articulation est sollicitée dans les mouvements de prono-supination (Faire les marionnettes, utilisation d’un tournevis)
On parle d’instabilité ou de luxation radio-ulnaire distale Lorsqu’il existe une perte de contact entre la tête de l’ulna et le radius. Cette instabilité est liée à la rupture (déchirure) des ligaments qui maintiennent la tête de l’ulna contre le radius, ainsi qu’à une déchirure du TFCC (ménisque du poignet qui recouvre la tête de l’ulna)
Elle est rarement isolée et survient fréquemment lors d’une fracture de poignet, mais peut aussi survenir plusieurs semaines après lorsque le radius consolide en mauvaise position.
Description de l’instabilité radio-ulnaire distale
Il s’agit d’une pathologie qui passe souvent inaperçue car les douleurs sont mises sur le compte de la fracture en cours de consolidation. Le traitement retardé peut entrainer des séquelles définitives
Les symptômes d’instabilité ou de luxation radio-ulnaire distale sont :
- Une douleur et une limitation aux mouvements de prono-supination
- Une perte de force de la main et du poignet
Le chirurgien recherchera une laxité ou instabilité (mouvement anormal) de la tête de l’ulna par rapport au radius en position de pronation et de supination.
Non diagnostiquée, une instabilité chronique peut entrainer une arthrose de l’articulation radio-ulnaire distale et des séquelles parfois définitives.
Population touchée par l’instabilité radio-ulnaire distale
Les luxations radio-ulnaires isolées sont très rares
La majorité des cas sont liées à une fracture de l’extrémité inférieure du radius. L’instabilité peut apparaître immédiatement, ou se développer progressivement lorsque l’anatomie normale du radius n’est pas rétablie.
Examens complémentaires
Les radiographies suffisent le plus souvent à confirmer le diagnostic.
Une IRM peut être demandée afin de confirmer la déchirure ligamentaire et pour rechercher une atteinte associée du TFCC (cf conflit ulno carpien)
Un arthro-scanner peut être utile à un stade tardif afin de confirmer la présence d’arthrose, ainsi que l’atteinte du TFCC (cf conflit ulno carpien)
Radiographies d’un poignet normal. L’ulna et le radius sont bien en contact sur la face(à droite) et alignés sur le profil (à gauche).
Radiographie d’une luxation dorsale de l’ulna de profil
Traitement de l’instabilité radio-ulnaire distale
Le traitement dépend de l’ancienneté de l’instabilité et de la présence ou non d’arthrose.
En cas de luxation aigue
Si la luxation est isolée et qu’elle est réductible (remise en place par simple manipulation), elle peut être traitée par une immobilisation du poignet et du coude en position de stabilité articulaire, c’est-à-dire en supination maximale (paume vers le haut) le plus souvent.
L’immobilisation sera conserve jour et nuit pendant 6 semaines avant de débuter la rééducation.
Si la luxation n’est pas réductible ou si une fracture du radius est associée, une opération est indispensable pour stabiliser correctement l’ensemble du poignet.
L’anatomie normale du radius est restaurée, puis il est fixé solidement à l’aide d’une plaque et de vis. Ensuite, l’articulation radio-ulnaire est réduite et fixée en position de stabilité à l’aide de broches pour 6 semaines.
En cas de cal vicieux du radius
Lorsque la cause de l’instabilité est une consolidation du radius en mauvaise position (après chirurgie, ou traitement par attelle simple), une ostéotomie est nécessaire. Le but est de reproduire la fracture initiale pour repositionner le radius selon l’anatomie normale. Si l’articulation reste instable après correction, les deux os seront fixés ensemble par des broches pendant 6 semaines.
En cas d’instabilité chronique sans arthrose
L’IRM est indispensable à un bilan ligamentaire précis. Si les symptômes sont légers, une attelle de repos et une infiltration de corticoïdes vous seront proposés.
En cas de lésion ligamentaires importantes et de symptômes invalidant, une opération vous sera proposée pour réparer les ligaments et le TFCC.
En cas d’instabilité chronique avec arthrose
Lorsque de l’arthrose est présente, il n’y a plus d’intérêt à réparer les ligaments.
Des symptômes modérés seront traités par une attelle de repos et une infiltration de corticoïdes.
En cas de douleurs trop importantes, une opération vous sera proposée. Les principales opérations pour arthrose radio-ulnaire distale sont :
L’ostéotomie de Sauvé-Kapandji
Cette opération est proposée aux patients jeunes.
L’objectif est de modifier la position de l’articulation en faisant fusionner la tête de l’ulna avec le radius et en recréant une articulation plus haut, au niveau de l’ulna.
L’avantage est de permettre une très bonne récupération des mobilités et une disparition des douleurs. L’inconvénient est la nécessité d’une fusion osseuse et la présence de matériel métallique.
L’ostéotomie de Darrach
Cette opération est proposée aux patients âgés.
Elle vise à retirer simplement la tête de l’ulna. L’avantage est une disparition des douleurs avec une bonne récupération de la mobilité sans matériel ni fusion osseuse nécessaire. L’inconvénient est une perte de force et une déstabilisation progressive du poignet plusieurs années après la chirurgie.
1 : Radiographie normale après ostéosynthèse de radius par plaque
2 : Espace anormal entre le radius et l’ulna
3 : Anatomie attendue après réduction satisfaisante de la fracture
Opération pour instabilité radio-ulnaire distale
Suivre le circuit de la chirurgie programmée.
Pour les cas aigus, se référer à la fiche sur les fractures du poignet.
Réparation ligamentaire sous arthroscopie ou réinsertion/débridement du TFCC :
Lorsqu’une instabilité est diagnostiquée chez un patient jeune et en l’absence d’arthrose, la réinsertion ligamentaire peut permettre une bonne récupération.
L’intervention est réalisée sous anesthésie loco-régionale et sous arthroscopie. En fonction des lésions ligamentaires, ceux-ci peuvent être réparés par simple suture à l’aide de fil résorbable, ou réinsérés dans l’os à l’aide de petites ancres intra osseuses.
Opération de Sauvé-Kapandji :
Grâce à une grande cicatrice à la face dorsale du poignet, l’articulation radio-ulnaire est entièrement réséquée. 1cm d’ulna est retiré plusieurs centimètres au-dessus du poignet. La tête de l’ulna et le radius sont mis en contact et fixés par 2 vis ou des broches métalliques.
Les mobilités en prono-supination se font maintenant au niveau de la tranche de section de l’ulna.
Opération de Darrach :
La tête de l’ulna est réséquée par une cicatrice à la face dorsale du poignet. L’ulna est partiellement stabilisé à l’aide des ligaments résiduels.
Suites après une opération pour instabilité radio-ulnaire distale
L’attelle sera portée 3 semaines pour les interventions de réparation ligamentaire ou l’opération de Darrach. Elle sera portée 6 semaines en cas de Sauvé-Kapandji.
La rééducation sera débutée après la phase d’immobilisation et sera indispensable pour récupérer de bonnes mobilités du poignet.
La reprise des activités se fera progressivement et dépend beaucoup de l’âge et du contexte.
Complications après une opération pour instabilité radio-ulnaire distale
Les principales sont : La raideur et Les douleurs
- La raideur : Il arrive malheureusement fréquemment que les mobilités ne soient pas entièrement récupérées après une luxation radio-ulnaire. En fonction du contexte, le chirurgien vous informera sur les possibilités et les limites de la chirurgie.
- La douleur : Les douleurs ligamentaires ne cèdent pas forcément entièrement après une opération et peuvent notamment se faire sentir lors des efforts importants.
- L’instabilité de l’ulna: après une opération de Darrach ou de Sauvé-Kapandji, l’ulna peut être senti sous la peau au niveau de la section.
- La non-consolidation (pseudarthrose) : Elle est rare, mais peut survenir en cas de Sauvé-Kapandji et nécessiter une ré-opération si elle est gênante.
Attention, les informations données sur notre site internet ne vous permettent pas de réaliser un auto-diagnostic et ne sauraient se substituer à l’avis d’un médecin spécialisé en consultation. La liste des complications se limite aux plus fréquentes et n’est pas exhaustive. Votre médecin pourra répondre à toutes vos questions en consultation.
Poser une question à un spécialiste
Prendre RDV avec l'un des chirugiens de la Clinique de l'Épaule et de la Main ?
0 commentaires